Si on parle de traitements des pierres précieuses on pense d'abord à des traitements de couleur. La stabilisation ou le traitement des fissures est moins connu.
Par exemple: les émeraudes sont déjà depuis longtemps traitées avec des huiles. L'huile de cèdre ou une résine qui s'appelle " Baume du Canada " sont les deux les plus courantes. La probabilité que les émeraudes brutes sont traitées est très élevée. Les émeraudes sans fissures sont extrêmement rares; le traitement est très simple et presque une tradition. L'émeraude se présente beaucoup mieux après le traitement, les fissures disparaissent à l'oeil nu, ce qui promet un rendement supérieur.
Les indices de réfraction (RI) de ces huiles sont nettement plus basses que l'indice de réfraction de l'émeraude. Ce qui nous permet de détecter ce traitement avec un microscope, car la lumière se réfracte différemment sur les fissures traitées.
Les indices de réfraction |
Huile de cèdre | 1.512 |
Baume du Canada | 1.520 |
Opticon | 1.545 |
Emeraude / béryl | 1.577 - 1.583 |
Depuis quelques années, on utilise une résine d'époxy ( Opticon ) qui a deux avantages comparés aux huiles. L'indice de réfraction est plus proche de l'émeraude avec RI 1.545 et on peut durcir la surface ou la pierre entière, cela rend la pierre plus stable. C'est pour ça qu'on parle d'une stabilisation. Ce traitement est invisible à l'oeil nu et ne peut être détecté qu'avec un microscope et de l'expérience.
Un autre exemple est la turquoise qui selon la provenance se casse facilement pendant la taille, si elle n'est pas stabilisée avec opticon. Une autre raison pour la stabilisation est que certaines qualités changent leur couleur du bleu au vert, lorsqu'elles se trouvent en contact avec de la graisse, les acides de la peau, du savon ou du parfum. Ce traitement est facile à découvrir à l'état brut de la turquoise. Les restes de résine restent dans les creux de la surface où ils ne peuvent être enlevés qu'en grattant. Une surface grattée est alors déjà une première indication. En taillant la turquoise stabilisée, elle sent comme du plastic brûlé. Une fois taillée et polie, la mise en évidence de la stabilisation est beaucoup plus difficile. Avec un peu de chance on découvre quelques fissures ou creux remplis de résine.
Mis à part l'émeraude et la turquoise on stabilise quelque fois: l'opale, le chrysocolle, le quartz, l'amethyst, l'aigue-marine, l'ammonite, les tourmalines etc... L'indice de réfraction joue un rôle important. Il est plus difficile de découvrir le traitement si les indices se rapprochent.
Selon les normes CIBJO, tout traitement doit être déclaré. Ce qui est trop souvent négligé. Le bijoutier court un risque dès qu'il accepte, d'un client, des pierres précieuses qui sont traitées sans qu'il le découvre. En nettoyant les pierres il risque de voir apparaître les fissures cachées. Imaginez-vous la perte de confiance si le client croit que la pierre a été échangée ou endommagée.
par Hubert Heldner septembre 1998